Le Million Dollar Man a récemment accordé une interview dans laquelle il évoque notamment les plans de Wrestlemania IV, André le Géant ou le départ de son fils de la WWE. Voici les meilleurs extraits…


Sur les différences entre travailler à la WWF et travailler à la WCW :

« La différence majeure entre la WWF et la WCW à l’époque c’était que la WWF était une machine à la mécanique bien huilée, réglée comme une horloge et très bien dirigée par Vince McMahon qui avait constamment les mains sur les commandes et qui savait ce qu’il faisait. Je ne peux pas dire la même chose de la WCW. Je suis désolé mais la fédération propriété de Ted Turner était la pire. Durant la période où j’y étais, c’était en quelque sorte le foutoir : il y avait trop de chefs dans la cuisine ! Il y a même des fois où à quelques minutes du début du show, ils ne savaient pas encore ce qu’ils allaient proposer dans le segment final… »


Sur son fils Ted junior et le départ de ce dernier de la WWE en septembre dernier :

« Il est arrivé un moment dans ma vie où je remettais les choses en bon ordre, et j’ai vraiment pris conscience du fait qu’aucune somme d’argent ne pouvait justifier le fait d’être tenu éloigné de sa famille si souvent. Mon fils en est venu à cette même conclusion et il a fait son choix. Je n’ai jamais voulu que mes fils deviennent des catcheurs. Non pas parce que je n’aime pas le catch et ce mode de vie, loin de là, mais parce que cela exige d’immenses sacrifices dont le pire consiste à être loin de sa famille. »
     

Sur ce qu’il manque dans le produit actuel proposé par la WWE :

« A mon avis, ce qu’il manque c’est un nouveau crack, une nouvelle star, voilà ce qui manque cruellement à la WWE aujourd’hui. Encore une fois, je ne veux pas manquer de respect à John Cena ni lui retirer du mérite, c’est un super mec, c’est un professionnel accompli, c’est l’un des plus gros bosseurs que j’ai jamais vus. Mais seulement, tout bon run doit un jour connaître une fin et j’ai l’impression que ce run est prolongé artificiellement depuis pas mal de temps car, justement, ils n’ont pas trouvé ce successeur à John Cena. Le problème est là : Cena est dans cette position depuis si longtemps… mais qui mettre à sa place ? Où est cette superstar plus grande que nature sensée reprendre le flambeau ? Il y a eu Hogan, puis il y a eu Austin, puis The Rock ensuite, après Shawn Michaels est revenu… Mais il manque cette nouvelle star, où est-elle ? C’est la question que je me pose : qui cela va-t-il être ? »


Sur le plan original pour Wrestlemania IV, le fait d’avoir presque été champion de la WWF et comment le plan a changé :

« Il y a eu ce fameux show à la Market Square Arena à Indianapolis et ce match entre Hogan et André avec l’angle de l’arbitre jumeau. C’était réellement le plan prévu pour amorcer Wrestlemania IV (*). André annonce qu’il renonce à la ceinture en ma faveur et il me l’attache autour de la taille, signifiant par là qu’il me l’a vendue. Après ça, j’ai pu la porter une semaine ou deux… Puis le moment de l’annonce de Jack Tunney est arrivé, le WWF championship est déclaré vacant et c’est là le point de départ de Wrestlemania IV. Toutefois, le premier plan proposé consistait à me faire gagner le titre au Grandest Stage of Them All avec encore un peu de triche, bien sûr. Mais deux choses sont venus bouleverser les plans.

Tout d’abord, pour une raison qui m’est inconnue, Honky Tonk Man ne voulait pas perdre la ceinture Intercontinentale contre Savage à Mania, comme il était pourtant prévu. Donc, l’idée a germé chez Vince de pusher Savage au niveau supérieur directement. Et puis je me rappelle de Pat Patterson qui vient me voir et qui me propose de faire un choix. « Ted, j’ai deux scénarios à te proposer pour que ton personnage soit encore plus détesté, tu vas me dire lequel tu préfères. Option numéro un : tu gagnes le tournoi et le titre à Wrestlemania sur une entourloupe puis tu as ton programme avec Hulk qui te reprend la ceinture d’ici deux mois avant de passer à un autre adversaire. Option numéro deux : tu ne gagnes pas le titre à Wrestlemania et au final tu crées ta propre ceinture à toi. » Je lui réponds : « Alors en d’autres termes, ça veut dire que je n’ai pas besoin du championnat car je vais me créer ma propre ceinture à mon image et la défendre tous les soirs… Où est-ce que je signe ? » Ce fut le début de la « Million Dollar Belt »  et le reste est entré dans l’histoire.


(*) : L’angle voulait que le Million Dollar Man, n’arrivant pas à vaincre Hogan pour le titre, ait passé un marché avec André le Géant pour que ce dernier batte le Hulkster avant de lui échanger la ceinture contre de l’argent. DiBiase avait préparé un plan machiavélique pour le show Main Event de février 1988 qui allait voir Hogan défendre le titre contre André. Il avait payé un arbitre pour qu’il subisse une opération de chirurgie esthétique afin de ressembler trait pour trait à l’arbitre du match et prendre sa place pour un screwjob en faveur d’André ! En réalité, la WWF allait jouer sur la ressemblance entre les frères Earl et Dave Hebner pour mystifier le public. Le Géant remporta donc le titre avec l’aide de l’arbitre ripou avant de l’offrir à DiBiase contre de l’argent. Le président kayfabe Jack Tunney, figure d’autorité de l’époque, découvrit quelques jours plus tard l’arnaque et décida de punir le Million Dollar Man en déclarant que son règne était invalidé (la ceinture ne peut pas être donnée) et en rendant le titre vacant. Cela déboucha sur le célèbre tournoi organisé à Wrestlemania IV pour couronner un nouveau champion, tournoi remporté finalement par Randy Savage qui prit le dessus sur DiBiase en finale.


Sur une anecdote avec André le Géant :

« L’histoire la plus drôle c’est quand nous étions en tournée au Japon. C’est un vol qui dure près de quatorze heures que l’on décolle d’Atlanta, de New-York, de Dallas, ou de n’importe où, pour atteindre le Japon. André s’installe en première classe mais le Géant en première classe c’est comme si vous et moi nous étions assis dans le premier bus venu, vous voyez, on n’est pas à son aise, on manque de place, ce n’est pas très confortable. Donc on sort de l’avion après les quatorze heures et il y a encore une heure de taxi pour arriver dans la ville. On arrive enfin à l’hôtel, on dépose nos bagages dans nos chambres et il est l’heure d’aller trouver quelque chose à manger. Je vais à l’ascenseur, j’appuie sur le bouton et voilà André qui me rejoint. Il me dit « Salut Boss ! Allons manger un morceau en ville. » Nous prenons l’ascenseur et ce dernier semble décidé à s’arrêter à chaque étage et des gens n’arrêtent pas de monter à l’intérieur. Le Japon est un petit pays mais la population y est très importante. Du coup, la conception que vous et moi nous avons d’un ascenseur plein diffère énormément de celle des Japonais.

Les gens continuent à affluer… mais s’il y a une chose que le géant n’aime pas c’est la foule, surtout dans un espace confiné. Ajoutez à cela les quatorze heures de vol dans un siège trop étroit pour lui… et le voilà coincé dans un ascenseur qui n’est pas vraiment conçu pour contenir quelqu’un comme lui et qui est rempli à craquer. Il arrive à étendre son bras et à me taper sur l’épaule. Je le regarde et il me fait un clin d’œil avant de sourire. Je me dis « d’accord, il va arriver quelque chose », je regarde droit devant moi. Soudain le Géant se met à émettre le plus long et le plus sonore des pets que j’ai jamais entendu je crois de toute ma vie ! Je me souviens m’être demandé « mais quand est-ce que ça va s’arrêter ? » Et ça durait ça durait… Le pauvre type qui était juste derrière André et qui, évidemment, se trouvait la tête pile à hauteur du fessier du Géant, était en première ligne, il a dû le sentir passer. Tout ce que je peux vous dire c’est que lorsque l’ascenseur s’est arrêté à l’étage suivant et que les portes se sont ouvertes, les gens se sont tous précipités à l’extérieur et la cabine s’est vidé en un battement de cil, c’était l’exode ! Tout ce qu’on pouvait entendre c’était André qui faisait « Ho ho ho ho ho » et moi je riais tellement que je n’arrivais plus à respirer… Sacré André ! »


Sur ses retrouvailles avec l’enfant dont il avait confisqué le ballon de basket dans un célèbre segment mettant en scène le Million Dollar Man :

« De tous les segments ou vignettes que l’on a tournés, celui que les gens évoquent le plus souvent c’est celui-là… Une fois, je me suis mis à penser à cet enfant et je me suis dis que, s’il avait cinq ans environ à l’époque, de nos jours il devrait avoir dans les vingt-cinq ou vingt-six ans. Je me suis dis alors que ce qui risquait de m’arriver un jour c’est de déambuler dans un aéroport et alors je sentirais une main me tapoter l’épaule. Je me retournerais et là un type balaise de deux mètres se trouverait en face de moi et me dirait : « Hey ! Vous vous rappelez du gamin au ballon de basket ? » Maintenant, je dis ça sur le ton de la plaisanterie… mais il y a deux ans, figurez-vous que j’avais pris l’avion pour Omaha dans le Nebraska. J’y ai loué une voiture et juste quand je sortais sur le parking pour aller trouver le véhicule, il y a ce type qui marche, qui me dépasse, puis je sens une main sur mon épaule. Je me retourne, le type est là, c’est un colosse, il mesure deux mètres ! Il me dit : « Monsieur DiBiase, je suis le gérant de l’agence de location de voiture, je peux peut-être vous aider à trouver une voiture… et au fait, est-ce que vous vous rappelez du truc que vous avez fait avec le gamin et le ballon de basket ? » Je l’ai regardé, incrédule, j’ai lâché quelque chose comme « Non, c’est pas vrai ». Lui affichait un gigantesque sourire : « Oui, c’était moi. » J’ai failli avoir la trouille de ma vie. »