Bonjour à toutes et à tous ! Dans cette nouvelle chronique, nous allons nous centrer sur un événement particulier dans la vie d’un lutteur. Il est de coutume de dire que les premières fois sont les plus mémorables, eh bien nous allons justement vous conter ici la première prise de titre mondial chez les lutteurs de la WWE.

Pourquoi s’intéresser à ce fait ? Car souvent, lorsqu’un catcheur décroche pour la première fois le précieux sésame, c’est la preuve d’une confiance sans faille des dirigeants. Souvent, c’est également une étape décisive qui lance définitivement l’heureux élu sous le feu des projecteurs, et en fait une superstar. Parfois c’est un simple coup d’éclat, un sursaut dû à un besoin temporaire ou causé par une « erreur de casting ». A l’échelle de la fédération, certaines de ces premières fois ont annoncé des changements, une nouvelle tendance.

Il peut donc être intéressant d’établir un parallèle sur la carrière du lutteur avant le gain du titre mondial, sa carrière après ce gain, et en quoi ce règne a-t-il (ou non) contribué à faire l’histoire.

Et aujourd’hui, je cède la parole à mon honorable collègue des enfers, Tombstone, qui va vous faire revivre l’événement qui constitue le véritable point de départ de l’Ere Attitude car cette chronique est consacrée à…

Salut les Sons of a Bitch ! Ouvrez bien vos mirettes et vos cages à miel parce qu’aujourd’hui je vais vous raconter le premier titre mondial de Steve Austin… Bon, Guru et More, vous vous séparez, Baptmann tu enlèves ton masque de chauve-souris, Sinesse tu sors et tu vas te changer. Tu reviendras quand t’auras une tenue correcte ! Sur ce, si vous voulez que Tombstone vous parle du premier sacre mondial du Texas Rattlesnake, gimme a hell yeah…

Après des débuts à la World Class Championship Wrestling en 1989, « Stunning » Steve Austin débarque à la WCW dès 1991, il ne dépassera pas la midcard mais obtiendra le titre par équipe avec Brian Pillman en formant The Hollywood Blonds, il glanera aussi le Television Championship via une feud avec Barry Windham, ainsi que le championnat des Etats-Unis avec une rivalité marquante face au Dragon Ricky Steamboat. Austin est viré de la WCW par Eric Bischoff en 1995 après s’être blessé au triceps. Il est recueilli par la ECW de Paul Heyman où il fera des promos anti-WCW hilarantes (moquant principalement Hulk Hogan) et disputera quelques matchs… avant que Jim Ross et Kevin Nash ne persuadent Vince McMahon de faire signer Steve Austin à la WWF.

Sous la gimmick du Ringmaster, le crâne rasé et managé par Ted DiBiase sénior, il se fait offrir la Million Dollar Belt par le Million Dollar Man et entreprend une feud avec Savio Vega. Après ça, les événements vont s’enchainer et vous allez voir comment un concours de circonstances est à l’origine du lancement de la carrière du catcheur le plus populaire de tous les temps. Tout d’abord, DiBiase est débauché par la WCW où il intègrera la nWo, du coup, libéré de son manager, Austin décide d’effectuer une refonte de son personnage. Sa tenue est exclusivement noire, il adopte le style « dur à cuir » et fonceur, tout en restant heel. Ensuite, le destin frappe une nouvelle fois à la porte de Steve puisque les dirigeants décident de lui faire remporter le King of the Ring 1996 en lieu et place de Triple H, celui-ci étant puni pour avoir brisé le kayfabe dans un house show au Madison Square Garden de New-York (le fameux « MSG Incident »).

Et c’est après avoir battu en finale de ce tournoi Jake « The Snake » Roberts, que sa carrière va réellement décoller. En effet, il est interviewé après sa victoire par Michael Hayes et Steve va alors prononcer une phrase aujourd’hui devenue cultissime. Ce qu’il faut savoir, c’est que Roberts était devenu un « Born Again Christian » (une mouvance catholique) et citait la bible à tout bout de champ. Steve Austin lance donc son fameux… and I quote :

« You sit there, you thump your bible, you say your prayers and it didn’t get you anywhere ! Talk about your psalms, talk about John 3:16… Austin 3:16 says I just whooped your ass ! »

(= Tu te tiens là, tu nous rabâches ta bible, tu récites tes prières et ça ne te mène nulle part ! Tu parles de tes psaumes, tu parles de Jean chapitre 3, verset 16… Austin chapitre 3, verset 16 dit : Je viens juste de te botter le cul !)

A partir de là, Steve Austin devient Stone Cold, le rebelle heel iconoclaste, impitoyable et buveur de bière, mettant en avant ses origines texanes et « redneck ». Le public adhère et cela dépassera toutes les espérances des dirigeants. Austin a besoin d’une grande feud et d’un grand adversaire. Il aura ce qu’il se fait de mieux à la WWF à cette époque : la Hart Foundation et surtout Bret « the Hitman » Hart !

Austin et les Hart s’en donneront à cœur-joie de fin 1996 à l’automne 1997, avec une feud de très grande qualité qui verra Stone Cold gagner le Royal Rumble (en trichant) et aboutira au fameux « double turn » de Wrestlemania 13 où, à la suite d’un match d’anthologie, le heel Stone Cold devient face et le face Bret Hart devient heel. Ce match et cette feud installent durablement Austin en upcard et les fans en font leur chouchou. Austin continue de se frotter aux gros poissons puisqu’il aura rapidement une première opportunité de remporter le titre suprême face à l’Undertaker à In Your House : A Cold Day in Hell. Après une blessure à la jambe, l’Excellence de l’Exécution doit se retirer momentanément des rings, Austin sera alors opposé au petit frère : le regretté Owen Hart. Il mettra deux fois la main sur le titre par équipe (avec comme partenaires Shawn Michaels puis Dude Love, alias Mick Foley) et poursuit sa moisson avec la prestigieuse ceinture Intercontinentale en prenant le dessus sur le King of Harts.

Par la suite, sortant grand vainqueur de cette rivalité de presque deux ans avec les Hart et avec la guerre USA vs Canada en toile de fond, le Texas Rattlesnake va se heurter à la Nation of Domination, la faction au sein de laquelle une autre très grande star en devenir vient d’éclore : The Rock ! Les deux hommes vont se disputer l’Intercontinental Championship de fort belle manière, jusqu’à ce que Vince McMahon décide d’ôter son titre à Austin pour vandalisme (il avait jeté la ceinture dans le New Hampshire : le fleuve, pas l’état) pour l’offrir au Rock.

La plus grande rivalité de tous les temps est donc amorcée : Stone Cold l’anarchiste, l’homme du peuple, contre son patron le diabolique et tout-puissant Vince McMahon. Les deux hommes se livrent une guerre sans merci qui entrera dans l’histoire du catch. Austin lancera officiellement les hostilités avec un Stunner sur le président à Raw le 22 septembre 1997. Après les Survivor Series et le départ controversé de Bret Hart à la WCW, le champion du monde d’alors, Shawn Michaels, se retrouve sans adversaire. Sentant l’engouement extraordinaire des fans pour Stone Cold, Vince décide de le faire entrer dans la cour des très grands. Austin remporte le Royal Rumble 1998 (il avait remporté l’édition précédente de manière controversée mais n’avait pas eu de match de championnat à WM 13 pour les besoins de la feud avec Bret Hart) et obtient le droit d’affronter Shawn Michaels pour le titre suprême à Wrestlemania 14.

A l’époque, HBK est heel comme jamais et possède l’atout d’avoir ses amis de Degeneration X pour le soutenir, Triple H et Chyna, mais aussi et surtout un lourd handicap : il vient de se blesser sérieusement au dos lors du Casket match face à l’Undertaker au Rumble. Il décidera, sous la pression des dirigeants et contre l’avis des médecins, de lutter tout de même jusqu’à Wrestlemania… A l’époque, en vue du plus gros show de l’année, Vince McMahon invite une légende du sport à Raw : il s’agit du boxeur Mike Tyson. Lorsqu’il présente Iron Mike, le président le surnomme : « The Baddest Man on the Planet ». Cela suffira à faire venir Stone Cold sur le ring, confronter le président et Tyson en disant qu’il n’y a qu’un vrai dur sur cette planète et que son nom est Stone Cold Steve Austin. La bagarre éclate et Austin et Tyson sont séparés pendant que McMahon maudit le Texas Rattlesnake et commence à faire savoir qu’il ne veut pas qu’Austin devienne champion de la WWF. Dans les semaines précédant Wrestlemania, il est annoncé officiellement que Mike Tyson sera le « Special Guest Enforcer » du match entre Stone Cold et le Heartbreak Kid au Grandest Stage of Them All. Michaels le filou s’empresse alors d’enrôler Mike Tyson parmi Degeneration X, afin de s’assurer que le boxeur soit dans son camp.

Le grand jour est arrivé :

Nous sommes le 29 mars 1998 au Fleet Center de Boston, Massachusetts. Les deux plus grosses stars de la fédération s’affrontent pour le titre suprême. Mais on voit mal comment le Texas Rattlesnake va pouvoir l’emporter avec Triple H et Chyna dans le coin du champion et surtout Mike Tyson contre lui… Quoi qu’il en soit, après un Wrestlemania 14 qui a vu notamment The Rock conserver le titre Intercontinental face à Ken Shamrock, Triple H vaincre Owen Hart pour le European Championship et l’Undertaker triompher du Big Red Monster Kane, il est temps d’assister au clou du spectacle, à l’événement principal du show, au combat que tout le monde attend : Shawn Michaels défend le WWF Championship contre Stone Cold Steve Austin avec Mike Tyson aux abords du ring !

Mike Tyson s’est joué d’HBK et l’a trahi. C’est fait ! Stone Cold obtient enfin le titre mondial ! Comme le proclame Jim Ross, « the Austin Era has begun » ! Il faut rendre hommage ici à l’extraordinaire courage, à l’abnégation hors norme de Shawn Michaels qui aura combattu avec un dos en miettes pour mettre over Stone Cold. Si au début du match, le Heartbreak Kid parvient à faire illusion (il a dû se gaver d’antalgiques le pauvre), après un passage à l’extérieur du ring, son dos lâche complètement et c’est un vrai calvaire qui commence pour lui.

Pour l’anecdote, HBK quittera l’aréna accompagné de Triple H dans l’indifférence générale tandis que tous les journalistes seront focalisés sur la nouvelle coqueluche de la WWF : Stone Cold Steve Austin. Aucun lutteur ne viendra saluer Shawn, preuve de l’antipathie générale que son comportement exécrable de l’époque aura provoquée. Steve Austin devient LA star mondiale du catch !

C’est donc bel et bien une nouvelle ère qui commence officiellement avec cette prise de pouvoir d’Austin, il s’agit de l’Attitude Era, véritable âge d’or de la WWF, avec des audiences et un chiffre d’affaire records, avec un contenu plus adulte, plus violent : le sang, le sexe se font plus présents, les storylines se font plus attrayantes et captivantes, les segments micro sont fabuleux et réjouissants. On ose, on prend des risques… et on s’amuse ! Stone Cold, The Rock, Triple H, Mick Foley, l’Undertaker et Kane règneront en maîtres et livreront des combats d’anthologie, repoussant toujours plus loin les limites et permettant à terme à la WWF de remporter la guerre face à la fédération rivale : la WCW de Ted Turner. La meilleure feud de tous les temps, Vince McMahon vs Stone Cold, le patron contre son employé, est la suite logique de ce couronnement d’Austin. Cette storyline fera entrer le Texas Rattlesnake dans la légende pour de bon. (D’ailleurs, ce premier règne de champion de la WWF de Stone Cold Steve Austin représente pour bon nombre de fans et d’observateurs l’un des meilleurs règnes de champion de l’histoire, voire LE meilleur.)

C’est un véritable symbole que ce premier titre mondial glané par Stone Cold à Wrestlemania 14. Ce premier règne marque ostensiblement le début de l’Ere Attitude, bien que certains prémices de ce tournant dans l’histoire du catch puissent se trouver ici et là dès 1996 et 1997. Mais le symbole est encore plus fort du fait que l’adversaire du Texas Rattlesnake était Shawn Michaels, la plus grande star de la fédération, et que ce dernier effectuait le dernier match de sa carrière selon toute vraisemblance à ce moment précis ! Ce main event de Wrestlemania 14 constitue donc également un passage de flambeau entre deux immenses champions. Forcé de prendre sa retraite pour soigner son dos, HBK s’en va et laisse la place à Austin. Heureusement pour nous, le Bourreau des Cœurs reviendra pour notre plus grand plaisir sur les rings quatre ans plus tard en 2002 avec un nouvel état d’esprit irréprochable (grâce à une foi nouvelle car Michaels, poussé par sa femme, deviendra un Born Again Christian), se faisant ainsi pardonner sur le ring comme en dehors pour ses fautes et erreurs passées.

Ce premier titre mondial pour Austin est par conséquent doté d’une grande valeur historique et symbolique et revêt un caractère tout bonnement déterminant puisqu’il a bouleversé le catch à l’échelle mondiale.

Ce sera tout pour aujourd’hui, pour le prochain cours avec moi, vous réviserez le chapitre sur The Rock. La classe est terminée, vous pouvez y aller, bande de SOBs ! And that’s the bottom line ‘cause Tombstone said so !

Tombstone tu es un....A... NAN un INSTRUCTEUR MAGISTRAL.