En ce début d’année 2012, si il est bien un homme qui a fait le buzz c’est Chris Jericho. Son retour au Raw du 2 janvier fut autant prévisible qu’il est aujourd’hui décrié. En effet, presque deux mois après, la renaissance annoncée du King of Bling-bling fait l’effet d’un pétard mouillé. Mais est-ce vraiment le cas ?

2 Janvier 2012. Cette date était attendue depuis le lancement de vidéos virales dès novembre 2011, mettant en scène un petit garçon, et une petite fille, sur fond d’école, de plagiat, de bizarreries fantastiques, et de fin du monde. Si je ne me risquerai pas à faire une analyse détaillée de ces séquences (les fans s’y sont déjà collé, avec plus ou moins de succès), une chose est sûre: Chris Jericho est catapulté favori pour être l’homme derrière les vignettes, celui qui débarquera le 2 janvier. On parle aussi de l’Undertaker, mais le cadre ne colle guère. Reste la surprise … mais manque d’imagination où non, il est difficile de penser à quelqu’un d’autre que Y2J, qui après plus d’un an d’absence, est véritablement attendu et possède l’aura nécessaire pour booster Raw à l’approche du Road to Wrestlemania. Et quand l’heure fut venue …

Chris Jericho faisait effectivement son retour. Nouvelle entrée, veste scintillante, jeu avec les fans, joie affichée bien loin du flegme du heel qu’il fut … c’est un nouveau Y2J. A cela près qu’en plus de 10 minutes, il ne prononce pas le moindre mot, et part finalement en restant muet. On a connu le bonhomme plus loquace.
Si bien que malgré la prévisibilité de son retour, le buzz est assuré. Chez les fans, l’opinion est divisée. Certains parlent d’un flop, d’autres pensent à un coup de génie. Certains le croient face, d’autre le croient heel déguisé en face. Qu’en fût-il ?

Les semaines suivantes ne furent guère plus constructives. A chacun de ses segments, Jericho ne prononça pas le moindre mot. Il quitta le ring en pleurant le 9 janvier, pour ensuite délaisser ses partenaires lors de son premier match la semaine suivante. Des agissements qualifiés de trollesques, qui font rapidement baisser sa côte de popularité. Les fans commencent à le huer, même si chacune de ses apparitions est attendue et ovationnée. Alors que le Royal Rumble se profile, rien ne change. Finalement, pourquoi est-il revenu ?

La semaine avant le PPV, c’est le retour du Highlight Reel. Après avoir fait son cinéma désormais coutumier, Y2J prononce ses premiers mots, et annonce « la fin du monde tel que nous le connaissons » au Royal Rumble. A ce moment, il y a deux théories majeures sur le pourquoi du retour de Jericho. D’aucuns le voient remporter la célèbre Battle Royale et filer dans une rivalité épique pour Wrestlemania contre CM Punk, dans une sorte de « Who is the only best in the world ? ». D’autres l’imaginent en adversaire de l’Undertaker pour le Granddest Stage of All, se plaisant à imaginer la beauté d’un match entre les deux hommes. Une chose est sûre, plus que jamais, Y2J est favori pour remporter le Rumble. Pourtant, le moment venu, et après être entré 28ème, il s’incline en « finale » contre Sheamus, après un duel de longue haleine. Nouvel échec.

Et finalement, après tant de rumeurs contradictoires, de questionnements des fans, le rideau tombe lors du Raw suivant le PPV. Jericho, annonçé comme participant pour l’Elimination Chamber de Raw, effectue son premier vrai segment au micro. Et en 10 minutes, il accuse ses collègues catcheurs de l’avoir honteusement plagié pendant son absence. Et plus que tout le monde, CM Punk, qui a repris le surnom de Best In The World. On retrouve le Jericho heel que nous avions laissé en 2010, à une veste lumineuse près. Cela se confirme quand Jericho gagne en match lui permettant de rentrer dernier dans l’Elimination Chamber sur une de ses fameuses roublardises. Les semaines qui suivent, on retrouve progressivement le Chris Jericho d’antan. Rien n’a changé, ou presque. Et lorsqu’à Elimination Chamber, Y2J perd le match, éliminé sur un spot a polémique, c’est le camouflet de trop. Jericho, retour raté c’est ferme et définitif ! Il aurait du remporter le titre pour mener une feud tambour battant contre CM Punk, avec le Straightedge en chasseur ! Plus aucun suspense désormais, cette rivalité devient nettement moins emballante ! Si c’est le dernier run de Jericho c’est un flop total. Oui justement. C’est un flop total.

Rappelez vous comment Chris Jericho avait quitté la WWE en 2010. Alors que le bonhomme était sur la pente descendante, il se proclamait plus que jamais « Best in the world », de plus en plus soutenu par le public. Sans pour autant changer de comportement. Roublard, perfide, opportuniste. Son ego était tel qu’il avait même parlé de quitter la WWE si il perdait un 6 Pack Challenge comptant pour le titre de la WWE. Il a perdu, et de manière humiliante, mais n’a pas quitté la fédération. Enfin pas à cause de cela. Frappé par le Punt Kick de Randy Orton, il avait été évacué sur civière lors du Raw suivant le PPV, scellant son destin. Puis plus rien, jusqu’à 2012. Une sortie par la petite porte. Et c’est exactement ce que Chris Jericho voulait, dixit lui-même dans une interview. Il n’a jamais rêvé d’une sortie avec les honneurs et les paillettes, et son personnage est tellement détestable qu’il ne peut nous quitter que de manière misérable.

Et maintenant, reparlons des événements ayant suivi le retour tant décrié de Y2J en 2012.
Première étape: jouer au « troll ». Finalité ? Reprendre de la heat, et frustrer le public, qui attendait quelque chose d’énorme. Cela nous amène au Rumble, où Jericho perd le match qui lui était promis.
Mais a-t-il besoin du Royal Rumble ? Non. Plus maintenant en tout cas. Et à sa place, c’est Sheamus qui a gagné, après un final épique de près de 10 minutes entre les deux hommes, qui a propulsé le Celtic Warrior vers Wrestlemania en lui donnant un momentum conséquent. Un bon point donc, avec le recul.

Puis vient l’après Rumble. Le retour de Jericho à son état de heel de mauvaise foi, celui qu’il était déjà en 2010. Le camouflet ultime pour certains. Pas pour moi. Depuis ce Raw où il a accusé les autres catcheurs d’être des Chris Jericho Wannabe, il surjoue sa propre gimmick. Il se proclame toujours « Best in the world at what he does », en enjolivant son propos de phrases pseudo-mystiques dans une ambiance « fin du monde ». Il fait dans la démesure. Il toise CM Punk en lui expliquant que « son maitre est venu reprendre ce qui lui appartenait ». Il remporte son premier vrai match à Raw en usant d’une roublardise. Si on ne peut démentir ses talents, est-il vraiment (in-kayfabe) le meilleur au monde ?

L’a-t-il déjà été d’ailleurs ? Depuis son heel turn de 2008, ayant conduit à l’apparition de la célèbre catchphrase, a-t-il déjà fait honneur à ce statut ? Trichant, insultant, et fuyant à tout va, malgré des prouesses de haut niveau sur le ring, c’est très discutable. Mais la différence, c’est qu’à ce moment là personne ne lui contestait officiellement ce statut. Il pouvait chanter à tue-tête « I’m the best in the world at what I do », c’était SA catchphrase, et ses faits d’armes pendant cette période masquait ses défauts, défauts propres à tout heel qui se respecte somme toute.

Mais nous voilà à aujourd’hui. Il revient, et la WWE a changé. Et notamment, un autre type se balade à Raw en se disant « Best Wrestler in the World ». L’injure est d’autant plus sérieuse que CM Punk jouit d’une grosse crédibilité bien que récente, et bénéficie de tout le soutien du public. De quoi remuer méchamment l’ego de Chris Jericho. De quoi le pousser à venir s’en prendre au champion de la WWE, qui est finalement l’incarnation de ce que Y2J aurait du/pu être. Un type qui non seulement parle, mais agit derrière, gagnant ses matchs sans fioritures, s’attirant le respect. Et en toute logique, plein de rancœur, Jericho doit détruire CM Punk. Jusqu’à s’en rendre ridicule.



Que ce soit à travers des propos encore plus exagérés que d’habitude, des promesses non tenues (celle de la fin du monde au Rumble, celle de la victoire à Elimination Chamber, ou tout simplement celle d’un retour pétaradant et innovant avec le recul…), un comportement sur le ring à la fois destructeur mais marquant les limites de Y2J (le voir se réfugier dans la cellule pour esquiver CM Punk lors d’Elimination Chamber était un moment fortement symbolique d’ailleurs). Au fil des semaines, il se ridiculise de plus en plus, augmentant par là même le ressentiment généré par son retour.

Il est très probable qu’il ne touche pas au titre avant de repartir de la WWE. Il est très probable qu’à Wrestlemania, le Best in the World soit CM Punk, reléguant Jericho au rang de has been. Parce que oui Chris Jericho est un has been. C’est cet homme rongé par l’ego et son passé glorieux qui tient à montrer au monde qu’il est encore là. Mais CM Punk lui est passé devant. Parce que la WWE avance, et que rien n’est éternel. Cette idée on la retrouve aussi au centre de la rivalité Undertaker/Triple H: C’est la fin d’une ère. La tragédie de Chris Jericho, l’homme submergé par son ego, permettra de lancer CM Punk comme nouvelle figure de proue de la fédération. Fort d’un soutien croissant et d’un règne désormais fort bon, il ne manque plus qu’une chose au bonhomme. Un match référence à Wrestlemania. Et ce match, il y a fort à parier que Y2J va le lui donner, et quand Punk en sortira vainqueur, il sera plus crédible que jamais.

Si c’est le dernier run de Jericho, il aura eu le mérite de mettre en avant Sheamus, et surtout CM Punk, lançant le straightedge vers les sommets pour de bon après un Summer of Punk inaugural bien initié par Cena. Et cela en donnant au personnage de Chris une fin pathétique, parfaitement dans la continuité de l’évolution de son personnage au fil des années, et conformément aux souhait de Jericho lui-même.
Il est presque acquis qu’il partira après Wrestlemania. Reste à savoir si il sera bouté hors de Raw par un événement particulier comme en 2010, où bien si il partira de lui-même, reconnaissant son échec et passant le flambeau à CM Punk.
Et si il vient à rester, les possibilités pour rebondir ne manquent pas. Smackdown, Christian … vous voyez ce que je veux dire. Mais je pense intimement que ma première hypothèse est la bonne.

En conclusion, Chris Jericho est un has been, parce qu’il le vaut bien.